Car le discours indépendantiste avait à ce point insisté, dans la foulée de la Révolution tranquille, sur l’État et ses vertus qu’on en est presque venu à voir dans l’indépendance le triomphe de l’Etat plutôt que la consécration de la nation. C’est pourtant la nation qui aspire à l’indépendance et qui peut se réclamer légitimement du droit à l’autodétermination, non pas l’État-nation.
- Revue L’Action nationale, 1985
L’histoire n’est jamais finie. Tout est toujours à refaire et les remparts à relever. Les victoires comme les défaites n’ont qu’un temps. Ce qui persiste et permet de renaître est plus solide que toutes les murailles. C’est quelque chose d’immatériel et de fort, présent dans le coeur de chaque homme et de chaque femme d’une même communauté quand celle-ci a conscience de ce qu’elle a d’unique et d’essentiel. Les Japonais, les Juifs, les Hindous et d’autres peuples possèdent ce trésor qui leur a permis d’affronter les périls de l’histoire sans disparaître.
Lester B. Pearson
Nul n’ignore ici que le Canada français est actuellement profondément mécontent de sa place dans la confédération. Il y a à cela des raisons complexes d’inégales importances. J’ai dit et je répète aujourd’hui que la plupart de ces raisons sont parfaitement fondées.
- Discours d’ouverture, Conférence constitutionnelle de février 1968
Pour être Québécois, il suffit d’habiter le Québec ! Sans l’indépendance, les Canadiens-Français devront continuer de défendre âprement leur existence. Avec une indépendance trudeauiste, ils devront s’affirmer face à une diversité qui monte et braver la résistance des châteaux-forts anglo-saxons. Les deux perspectives commandent le retour politique des Canadiens-Français. Si vous avez compris qu’une identité de « Québécois francophones », provinciale et linguistique, a coupé le souffle de notre épopée, qu’elle supprime notre légitimité et nos droits historiques, vous avez compris l’essentiel.
Je souhaite montrer, dans l’essai qui va suivre, qu’entre les pensées trudeauiste et « néosouverainiste », les similitudes sont frappantes.
- Souveraineté et hypermodernité. La trudeauisation des esprits
Et c’est au moment où nous nous préparons à résister aux armées d’invasion d’un puissant voisin qu’on nous enlève les libertés dont nous jouissons après les avoir gagnées par un siècle de luttes! Mais il me semble qu’on devrait plutôt nous donner de nouvelles garanties de sécurité pour nous engager à combattre des adversaires aguerris, dix fois plus nombreux, et dont l’organisation politique est moins hostile.
Comme notre constitution n’a rien prévu de tel parce qu’elle était une concession du conquérant aux Canadiens-Français, de la mère patrie aux coloniaux dans le cas des Canadiens anglais, nos États généraux sont indubitablement l’effort le plus systématique, le plus compréhensif, le
plus réussi qui ait jamais été tenté pour constituer une véritable Assemblée nationale du peuple canadien-français en vue d’établir sa constitution.