Il acquiert sa renommée avant même que l’on tienne des registres sur son sport et avant même que l’haltérophilie ne soit intégrée aux Jeux.
En 1878, la famille Cyr émigre aux États-Unis dans le but de faire fortune et s’installe à Lowell, dans le Massachusetts. C’est durant son séjour à Lowell que Cyprien-Noé change ses prénoms pour celui de Louis, qui se prononce plus aisément en anglais. Il occupe différents emplois, notamment dans une usine de textile, une ferme et un atelier de mécanique. Là encore, sa prodigieuse force physique fait rapidement sa renommée. À 17 ans, Cyr pèse quelque 230 livres. C’est un garçon à l’allure nonchalante et empâtée, dont les joues roses et les longues boucles blondes lui donnent un air de bébé qui lui attire bien des moqueries. Il aime jouer du violon, danser, s’entraîner à lever des poids et haltères, ainsi qu’à faire étalage de sa force. Vers l’âge de 18 ans, il participe à son premier concours d’hommes forts à Boston, où il réussit à lever un cheval de terre. Le gros bébé est alors pris au sérieux et devient respecté dans son milieu.
En 1882, la famille Cyr revient au Québec. Cette même année, Louis se marie et, pour gagner sa vie, il se fait bûcheron. Au camp, où les distractions sont plutôt rares, l’exhibition de sa force est l’une des activités les plus prisées. Il réalise exploits par-dessus exploits, dont le caractère exceptionnel est rapidement rendu public. Au printemps de 1883, dans le but d’améliorer sa situation financière, Cyr décide de retourner à Lowell avec sa femme.
Source : http://www.biographi.ca/fr/bio/cyr_louis_14F.html
Document La Patrie, 11 novembre 1912
L’EX-CHAMPION DE HOMMES FORTS DU MONDE ENTRE DANS LA LÉGENDE _ Louis Cyr est mort hier, chez son gendre, le docteur Aumont, après une maladie qui le minait depuis 12 ans. – Ses exploits prodigieux pendant une carrière de 28 ans.
LES FUNÉRAILLES À ST-JEAN DE MATHA __ Louis Cyr, l’ex-champion des hommes forts du monde entier, n’est plus. En proie à une maladie mortelle depuis quelques semaines, il a succombé, hier midi, au domicile de son gendre, le Dr Z. M. Aumont, 719 rue Sainte-Catherine-Est. Triste circonstance, sa belle-mère, Mme Évangéliste Comtois, qui lui prodiguait ses soins, est décédée subitement, samedi matin, en entrant dans la chambre du malade. Mme Louis Cyr, doublement prouvée[sic], est dans un état critique.
Le défunt souffrait de nephrite chronique depuis 12 ans. Né le 10 octobre 1863, à St-Cyprien, il était donc âgé de 49 ans. Ses funérailles auront lieu mercredi matin, à St-Jean-de-Matha: ses restes quitteront la demeure du Dr Aumont pour se rendre en cet endroit sur le train de Joliette, quittant la gare Viger.
Louis Cyr, outre son épouse et sa fille, Mme Dr. Aumont, laisse quatre frères, Pierre, ex-champion des hommes forts, poids moyen: Léon, de Montréal, Jean et Napoléon de Ste-Hélène-de-Bagot: deux soeurs, Mmes Emilien Perron, de Montréal, et Moïse Hébert, de Ste-Hélène de Bagot.
Louis Cyr a occupé victorieusement l’arène pendant 28 ans, et a défait une multitude de concurrence. Pendant cette période, il a su amasser une jolie fortune, grâce à la simplicité de sa vie. Il possédait des immeubles à Montréal et une terre à St-Jean-de-Matha, où sa demeure est remplie d’une nombreuse collection de trophées. Il pesait 365 livres, il y a douze ans, mais après s’être soumis au strict régime du lait: il avait abaissé son poids à 250 livres.
C’est à l’âge de 17 ans que ce célèbre colosse a commencé sa carrière: dès sa première tentative, il défaisait à Québec le fameux Michaud, alors considéré invincible.
Peu après, il entrait dans la force constabulaire de Montréal, et se distinguait par les exploits, qui le rendirent la craint des malfaiteurs, qu’il transportait plusieurs à la fois à force de bras jusqu’au poste.
Il ouvrit ensuite un restaurant et un gymnase à Ste-Cunégonde, mais il se fatigua bientôt de cette vie trop paisible et retourna à l’arène.
En octobre 1888, à une exposition de Berthierville, il établit son premier record en soulevant une plateforme, chargée de 3,536 livres de fer en gueuse. Cette même année, lors de son passage à Troy et à Cohocs, les Canadiens-français de ces villes lui présentèrent une médaille.
En 1889, à St-Henri, il épaula de la main droite un poids de 265 livres; en 1890, il soulève d’un doigt un poids de 490 livres; en 1891, il lève de terre un baril de 314 livres et l’appui d’un bras sur son épaule droite; au Parc Sohmer, il résiste à 4 chevaux, pesant 1,000 chacun, et tirant en sens inverse, deux à droite, deux à gauche.
C’est alors que Richard X. Fox, éditeur de la ‘Police Gazette’, se fait son impressario [sic], et amène Cyr en tournée aux États-Unis, puis à Londres, où il établit un nouveau record en soulevant une plate-forme chargée de 3, 655 livres, et six autres records. Son séjour à Londres fut de 20 semaines, et malgré l’offre de M. Fox d’une bourse de $1,000 à qui ferait mieux, personne ne se présenta. Le champion se distingua à l’aquarium Royal de Westminster, au Tivoli, au palais de crystal de Londres sud et au Trocadéro, sous le patronage du prince de Galles. Il visita ensuite l’Angleterre, l’Ecosse, l’Irlande, l’Italie et l’Allemagne.
A son retour Cyr rencontre un Canadien-français, nommé Thérien, de Michigan, qui réussit à gagner la somme de $100, en accomplissant un de ses exploits. En 1896, à Chicago, il établit deux records, l’un en levant 987 livres d’une main, et 552 1 2 (?) d’un seul doigt.A Boston, il souleva une plate-forme, chargée de 4,000 livres.
Louis Cyr, pendant sa carrière, n’a pas rencontré un seul adversaire de taille à l’égaler, et son nom restera pour ainsi dire légendaire.