Nous ne saurions trop recommander la lexture du texte, accessible plus bas, que nous faisait parvenir il y a quelque temps son auteur, l’historien bien connu Éric Bédard. Ce texte produit à l’origine pour un colloque intitulé La solidarité entre le Québec et la francophonie canadienne : un renouveau durable ? tenu à l’Université d’Ottawa le 31 janvier 2019 par le Collège des chaires de recherche sur le monde francophone de cette université n’a finalement été publié qu’au printemps 2022 dans les actes de cet événement, retard dû aux événements que l’on sait.
L’auteur s’interroge, suite à l’élection ayant porté la CAQ au pouvoir en 2018, sur les notions de « nation » ou de « peuple » québécois, rapportant en particulier que Fernand Dumont dans son dernier livre, Raisons communes, « qui avait presque valeur de testament », publié quelques mois avant le référendum de 1995, considérait que la nation québécoise n’était rien moins qu’une « mystification ».
Ce texte mérite une lecture attentive car, outre une réflexion de fond, il ouvre une fenêtre sur la période à laquelle a pris forme le détournement d’identité imposé par ceux qu’il appelle la « génération lyrique » ou « modernistes ». Les références sont nombreuses, les acteurs de l’époque bien identifiés, les influences manifestes.
Il en ressort la pérennité de l’identité canadienne-française, qui n’aura accepté qu’un temps de s’appeler autrement, croyons-nous, cédant à la vogue de l’époque de « l’Homme nouveau », le Québécois, en l’occurrence, pour lequel il fallait faire table rase de notre genèse. Ces « lyriques », démiurges amateurs, avaient besoin dans leur désir de puissance de nous modeler comme une pâte, Capital oblige. C’était dans l’air du temps des grandes capitales et ces gens étaient modernes. L’ère était à la décolonisation, l’occasion rêvée pour les marxistes de salon de retour des bonnes universités parisiennes de manier la sémantique comme ils avaient appris à le faire.
Eh oui, dans nos bourgs et nos campagne, le peuple qui sue pour gagner sa vie loin des universités n’a pas changé, ou si peu. C’est lui qui était à Roxham pour que les téléphages se rendent compte, c’est lui qui était dans la rue contre les mandats de confinement.
Bonne lecture.