Si nos concitoyens anglais du Québec ne se sentent pas appartenir à notre nation, si beaucoup d’allophones y répugnent, si les autochtones s’y refusent, puis-je les y englober par la magie du vocabulaire ? L’histoire a façonné une nation française en Amérique ; par quelle décision subite pense-t-on la changer en une nation québécoise ?
Il est une chose certaine, je le répète, c’est que nous sommes un peuple, nous, les Canadiens français. Peuple ou nation, nous sommes un groupe humain avec sa propre culture, sa langue, ses traditions, son habitat géographique qui a été marqué par nous autres : Jacques Cartier à Gaspé et le Père Albanel à la baie d’Hudson, et tous ceux qui sont venus après. C’est à nous autres le Québec, historiquement et à tous les points de vue qui peuvent compter dans l’histoire du monde. Nous sommes autant un peuple que n’importe qui, et beaucoup plus que de nombreux autres peuples qui ont atteint un statut que nous n’avons pas.
Je ne suis disais-je, ni anti-Anglais ni anti-Juif. Mais j’observe autour de moi et je constate que les Anglais sont pro-Anglais et les Juifs sont pro-Juifs. Et dans la mesure où ils ne blessent ni la charité ni la justice, je leur donne raison. Mais alors je me demande pourquoi, selon le même droit et dans la même mesure, les Canadiens français seraient tout, excepté pro Canadiens français ?
– 1933
« Le bilan de la Révolution tranquille est largement négatif. Aucun des idéaux des années 1960 n’a été atteint. (…) La langue française est-elle en meilleure posture ? Non, le visage linguistique de Montréal est redevenu aussi anglais qu’en 1920, bien que ce soit désormais au nom de « l’ouverture sur le monde » plutôt qu’au nom de l’Empire britannique, et les immigrants continuent à s’angliciser. »
- Sous le lys et la croix, p. 287