« À l’été 1701, plus de 1 300 Autochtones représentant 38 nations avaient accepté l’invitation des Français et firent de Montréal le cœur politique du Nord-Est du continent. Dans une atmosphère d’exubérance et de réconciliation, la petite ville coloniale, de tout juste 1 500 habitants, devint ainsi un lieu de rencontre des cultures, autochtones, française et canadienne, d’une ampleur sans précédent dans l’histoire coloniale des Amériques. »
La Grande paix de Montréal met en scène Français, Canadiens et une quarantaine de communautés autochtones d’une partie appréciable du continent nord-américain.
À la veille du 323e anniversaire, le 4 août prochain, de la signature de ce traité historique, la Fédération des Canadiens-Français estime que cet événement n’est pas commémoré à la hauteur et avec la clarté qu’il mérite. Laissé dans un ombre relatif, sous-évalué ou mal compris, nous avons demandé à trois auteurs de nous éclairer.
Nous avons invité : Marco Windenger, Gilles Verrier et Guy Huard à nous proposer un retour sur cet événement sans équivalent dans les Amériques, avec chacun leur angle d’approche.
Pour l’occasion, Marco nous propose gracieusement le chapitre 29 d’un livre à paraître, qui reprendra dans un format abrégé l’essentiel de son premier livre, Le Nouveau monde oublié. Son texte résume les circonstances qui conduisirent à la Grande Paix. Il met en évidence l’importance du métissage, sachant qu’il ne peut y avoir métissage sans proximité. Dans une conclusion forte, il affirme que la colonisation française « ne reposait pas sur l’occupation intensive de vastes territoires et la dépossession des peuples autochtones, mais sur une alliance avec eux… »
Dans un deuxième temps, Gilles Verrier, porte-parole connu de la Fédération des Canadiens-Français, recadre pour nous quelques aspects de la Grande paix qu’il estime particulièrement équivoques, voire galvaudés. Pour lui, il importe de s’entendre une fois pour toutes sur le théâtre de l’action, qui n’est certainement pas un Québec inexistant, et de bien nommer les acteurs tels qu’ils sont, ce qui ferait souvent défaut. La suite nous entraîne sur d’autres terrains de réflexion.
En troisième lieu, Guy Huard, associé depuis le début au think tank intellectuel et politique de la Fédération des C-F, nous propose de prendre de la hauteur. Après nous avoir rappelé certains faits, il nous livre ses réflexions une fois la Grande paix placée dans le contexte du monde d’alors. Un exercice qui permet d’en mesurer l’importance à une autre échelle.
Le présent projet en trois textes, conçu pour l’anniversaire 2024 de la Grande paix, dépasse un rappel des faits. Il vise à les mettre en ordre. Le lecteur devrait en ressortir avec l’idée plus claire que la rencontre des continents, en l’occurrence l’Europe et l’Amérique, devait se produire un jour ou l’autre. Cette rencontre devait fatalement mettre en face l’une de l’autre une civilisation avancée et d’autres, qui ne l’étaient pas ou l’étaient beaucoup moins. Dans un tel cas, le choc est pratiquement inévitable. S’il a des facettes anecdotiques, par exemple quand des femmes autochtones voient pour la première fois un chaudron de cuivre, il n’épargne aucun aspect de la vie d’avant, et ce des deux côtés.
Au palmarès des deux Amériques, on peut estimer que les Français et les Canadiens de Nouvelle-France se sont particulièrement distingués et bien comportés avec leurs hôtes. Tout le prouve, notamment, le sommet de 1701. À cet égard, on aurait tort de vouloir faire régresser l’identité canadienne d’héritage français, elle est soudée à une contribution continentale qui a fait notre épopée. On aurait tort de se laisser influencer par une repentance qui semble faire recette chez d’autres populations d’Amérique du Nord.
Pour lire ces textes : La Grande Paix de 1701