La Fédération des Canadiens-Français proposera un amendement à la loi 99 (2000)

(Publication originale le 30 novembre 2020 sur gilles-verrier.blogspot.com)

Le principal passe inaperçu

L’année 2020 a été l’occasion de rappels bien médiatisés des 50 ans de la crise d’octobre 1970 et des 25 ans du référendum de 1995. Gageons que ce mois-ci, le vingtième anniversaire de la « Loi sur les prérogatives et les droits du peuple et de l’État du Québec », connue aussi comme la loi 99 (2000), n’aura pas le débusquage qu’elle mériterait. Et on ne sera même pas surpris que les rétrospectives journalistiques nous servent du réchauffé, qu’elles oublient le principal pour se focaliser sur une « riposte du Québec à la loi sur la clarté d’Ottawa », et une loi « contestée par les fédéralistes et menacée par les tribunaux. »

Les Canadiens-Français ne sont nulle part

En effet, qui remarquera chez nos journalistes que, si on peut trouver certains mérites à cette loi, son premier défaut est d’être très mal nommée. Comment peut-on s’attaquer à l’exercice de décomposer dans le détail le peuple québécois en ses éléments les plus simples, le décrire dans le menu sans jamais mentionner les Canadiens-Français ? Absents dans les considérants, absents du début jusqu’à la fin, les Canadiens-Français ne sont nulle part dans la loi. Ils n’existent ni dans leur dimension historique ni dans leur actualité, même pas sous la forme atténuée des « Québécois francophones ». Avec cette loi, dépossédés de l’État du Québec, les Canadiens-Français sont-ils devenus les parias de la classe politique ?

Une loi fondamentale

Québec a qualifié la loi 99 de loi fondamentale, d’où son importance. Avec un titre plutôt accrocheur, et puisque le PQ était au pouvoir, il était prévisible que beaucoup de nationalistes tombent dans le panneau. Ils se laissèrent prendre au jeu de la rivalité entre deux pouvoirs étatiques, même si aucun des deux n’a de respect pour la nation qui a donné naissance au Canada, bien avant que les Anglais débarquent. Nous savons que les versions particulières de la laïcité et du multiculturalisme ne coïncident pas entre Québec et Ottawa. En revanche, les deux approches se situent sur le même terrain. Elles concourent ensemble à l’affaiblissement des valeurs occidentales incarnées dans les traditions chrétiennes et catholiques, patrimoniales et actuelles. Et puis ? Les patriotes doivent-ils s’investir dans cette rivalité stérile et prendre parti comme s’il s’agissait là de l’intérêt national, alors qu’il n’en est rien ?

Ottawa et Québec couchent dans le même lit

Soyons clairs. D’une part, nous avons un État du Québec plurinational (mais dont les Canadiens-Français sont exclus) et interculturel ; d’autre part, un État fédéral post-national et multiculturel. Tous les deux couchent dans le même lit lorsqu’il s’agit de rappeler leur progressisme et leur forme particulière d’ouverture au monde, qui est, en fin de course, une complaisance outrancière envers un nouvel ordre mondial qui, on peut le parier, ne fera jamais l’objet d’un enjeu électoral. Il n’est pas nécessaire d’aller plus loin pour les classer tous deux comme des adversaires de tout conservatisme social, culturel, spirituel et historique. Des valeurs qui ont été chassées de Québec et d’Ottawa, mais dont un retour minimal, qui serait bien accueilli par la population, est indispensable. À Québec d’abord, si on veut faire reconnaître l’existence et les droits de la nation canadienne-française.

Où loge donc l’intérêt national ?

Oui, il serait facile de croire que l’intérêt national puisse coïncider avec l’État du Québec juste parce qu’une loi contient les mots « prérogatives et droits du Québec ». Mais ce serait faire là une lecture trop rapide d’une loi qui, dès ses premiers considérants, pousse la nation canadienne-française hors de l’histoire. L’État du Québec a manqué à son devoir par la mise au rancart de la nation canadienne-française, alors qu’en contrepartie des « droits consacrés » étaient accordés à d’autres. Par conséquent, la loi 99 s’est faite de nouveaux opposants très déterminés.

Nous réclamons statut, droits et respect !

La justice de base doit être urgemment rétablie. La nation canadienne-française, issue de la Nouvelle-France, ayant été privée de son existence par le législateur, doit retrouver son statut national, ses droits et le respect de l’État du Québec.

Mobilisation pour un amendement à la loi 99

Le 7 décembre prochain, jour du 20è anniversaire de l’adoption de la loi 99, la Fédération des Canadiens-Français rendra publique sa position officielle sur cette loi, de même que le libellé d’une proposition d’amendement pour mettre fin à l’injustice. Soutenez notre action, adhérez à la Fédération des Canadiens-Français. On trouvera ici le communiqué officiel qui sera accessible à minuit le 7 décembre prochain.