Dostaler O’leary

L’on peut constater un remarquable parallèle avec notre époque dans cet article - présenté par la Fédération des Québécois de souche en 2021 et accessible dans ses archives publiées sur le web - qu’il écrivit en 1938 pour le périodique français anti-communiste Je suis partout. On ne peut que constater qu’aujourd’hui, les nations, dont la nôtre sans souveraineté, sont aux prises avec les mêmes forces qu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale.


Dostaler O’leary était un patriote canadiens-français issu de l’immigration irlandaise du XIXe siècle, comme Daniel Johnson père. Avec Paul Bouchard de Québec, il prônait au Québec un séparatisme canadiens-français et catholique. À sa lecture, on peut se poser des questions sur la nécessité d’une « Révolution tranquille » de gauche pilotée au Québec par les Libéraux des années 1960 dont le volet culturel a été une version locale du poison de la « contre-culture » distillé dans tout l’Occident par ses maîtres pour corrompre moralement – et donc manipuler contre leurs intérêts propres – les enfants de la génération qui avait vécu la Grande dépression et la Seconde Guerre mondiale. Les « Boomers » étaient des proies faciles devant la démission du clergé suite à Vatican II, qui avait ouvert grande la porte au libéralisme. Nos aînés n’étaient pas armés devant cet assaut culturel, l’élite intellectuelle avait déjà été corrompue par ces idées et leur fit donc défaut.

L’on peut constater un remarquable parallèle avec notre époque dans cet article, Le miracle canadien – présenté par la Fédération des Québécois de souche (FQS) en 2021 et accessible dans ses archives publiées sur le web – qu’il écrivit en 1938 pour le périodique français anti-communiste Je suis partout. On ne peut que réaliser qu’aujourd’hui, les nations, dont la nôtre sans souveraineté, sont aux prises avec les mêmes forces qu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

O’Leary notait à son époque que « notre peuple est ‘inexpérimenté’ » ; il l’était aussi lors de la Révolution tranquille et il l’est toujours aujourd’hui. Une armée dont les officiers sont incompétents coure au désastre ; il en est de même pour un peuple dont les maîtres à penser, les leaders d’opinion, ne sont pas au niveau, sont en déficit épistémologiquei, ne comprennent pas réellement le monde dans lequel ils vivent. Il y a bien eu des individus, comme O’Leary, Bouchard et d’autres, faisant de leur mieux, mais jamais la masse critique nécessaire pour « emporter le morceau. » Nous vivons aujourd’hui des circonstances similaires.

La France dont parle O’Leary et à laquelle il s’adresse dans cet article est bien sûr la France d’alors, comme les Canadiens-Français dont il parle sont ceux de son époque. Presqu’un siècle plus tard, la France de 2024 n’est plus que l’ombre d’elle-même et le Québec a tellement changé ! Si l’on veut identifier un versant, une ligne des eaux, on est bien forcé de conclure qu’il s’agit de l’avènement de la télévision au début des années 1950. Bien sûr, dans ses débuts elle était respectable, il le fallait bien pour que les parents acceptent son intrusion dans leurs foyers. Mais en moins d’une décennie ici, les stations privées et leurs divertissements « populaires » ont répandu la marchandisation et le consumérisme, profitant du vide moral laissé par l’Église désarmée par Vatican II. En France, la progression a été plus lente mais la « mère-patrie » a rattrapé l’Amérique du Nord anglo-saxonne dont nous participons par proximité ; toute un caste culturalo-médiatique a fait ici ses choux gras de l’adaptation de concepts introduits sur les ondes anglophones.

Cet article a aujourd’hui au moins la vertu de montrer que « ce n’est pas la première fois ».

Pour ceux qui voudraient mieux connaître la pensée politique d’O’Leary, son « manifeste », Séparatisme – doctrine constructive, est accessible en ligne à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, ou mieux encore, aux Éditions Tardivel. On peut aussi lire ici le compte-rendu de lecture de la FQS.

_______________________

i– Pour faire court, l’épistémologie est une science qui explique pourquoi l’on sait ce que l’on sait, ou pas. Sa définition officielle est qu’elle est l’histoire de la science, de la science physique, mais justement, elle est véritablement l’histoire de la science dans son sens large, celui de la connaissance véritable, et de là, de la véritable réalité historique. La principale clé pour démystifier ce concept est une fresque du peintre de la Renaissance italienne Raphaël, L’École d’Athènes, que l’on peut voir dans la Chambre des Signatures des musées du Vatican. Cette œuvre symbolisant la philosophie et la recherche du Bien est en opposition avec la fresque La Dispute du Saint-Sacrement, elle aussi peinte par Raphaël, et qui représente la victoire de la théologie sur la pensée antique. L’École d’Athènes pose les idées platoniciennes dans le cadre de la Renaissance italienne, les opposant clairement dans sa composition à l’héritage aristotélicien. Platon pointe vers le ciel en marchant, Aristote tient à la main un lourd volume de ses écrits qui l’empêche de faire un pas de plus. Les autres personnage de l’antiquité grecque sont spatialement positionnés dans la fresque de façon à les situer en rapport avec l’opposition fondamentale révélé en son centre. Se laisser pénétrer par la lecture de l’oeuvre de Platon est la meilleure façon d’acquérir la disposition d’esprit appropriée à la genèse de l’affranchissement personnel et collectif. La Renaissance italienne qui a modifié le cours de l’histoire ne s’est pas produite autrement, car les écrits perdus en Occident des philosophes grecques se sont retrouvés en Italie avec leurs propriétaires fuyant les conquérants musulmans de Bysance, conquête qui en ayant coupé la Route de la Soie vers l’Extrême-Orient amena les grandes puissances d’Europe occidentale à trouver de nouveaux chemins, maritimes cette fois-ci, vers la Chine. Et nous voilà, mentalement enchaînés par l’empire dans l’aristotélisme…

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *